MAGZI

Partenariat Public-Privé, une autre source alternative de préfinancements des projets Magzi

Depuis l’indépendance, l’État camerounais a pris à bras-le-corps la mission de bâtir une économie nationale forte, en s’appuyant sur un appareil public dense, souvent perçu comme le bras armé de son développement. Cette ambition s’est traduite par la création de nombreuses entreprises publiques dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, les transports, l’eau, l’agriculture, les télécommunications ou encore l’exploitation minière. Ces entreprises, souvent considérées comme des « patrimoines nationaux », ont au fil des années, bénéficié d’un soutien continu sous forme de subventions, de recapitalisations et de garanties publiques.

Mais aujourd’hui, au regard de la conjoncture économique serrée où l’Etat est obligé de faire prioritairement face à des sollicitations de première nécessité, il est évident de constater que cette approche comporte des limites.

En effet, nombre d’entreprises publiques camerounaises affichent une dépendance chronique à l’État, ceci, en dépit de dizaines d’années d’appui budgétaire massif. Le consommateur, lui, continue de subir des lenteurs, des pannes, des pénuries, de hausses tarifaires et parfois même des ruptures de service.  Une vérité s’impose : la subvention, à elle seule, ne garantit ni performance, ni développement. Dans ce contexte, une alternative mérite d’être considérée avec sérieux : le Partenariat Public-Privé (PPP). Ce mécanisme, mis en œuvre au Cameroun à travers le Conseil d’Appui à la Réalisation des Contrats de Partenariat (Carpa), qui associe l’État et un ou plusieurs acteurs privés dans la conception, le financement, la réalisation et l’exploitation de projets publics, pourrait bien être une réponse structurelle aux défis de notre économie. Il ne s’agit pas de privatiser à tout-va, mais de partager intelligemment les risques, les responsabilités et les bénéfices d’un projet d’intérêt général.

Le budget de l’État camerounais, bien que conséquent, reste soumis à de fortes pressions à savoir ; les besoins croissants en santé, en éducation, en sécurité, en infrastructures, service de la dette, etc. Le PPP permet donc à l’État de  mobiliser des capitaux privés pour des projets structurants sans alourdir son endettement, concentrer ses ressources sur les missions régaliennes et  les secteurs sociaux prioritaires, réduire l’empreinte budgétaire des entreprises publiques en les poussant à rechercher des partenaires techniques et financiers compétents.

En somme, le PPP redonne à l’État un rôle de stratège et de régulateur, plutôt que de gestionnaire direct de services souvent mal exploités.

En faisant appel au secteur privé dans le cadre d’un PPP, l’État introduit dans le fonctionnement de l’entreprise non seulement une culture de résultat fondée sur des indicateurs de performance mais aussi, une logique contractuelle avec des obligations de résultats, des mécanismes de contrôle et des sanctions en cas de défaillance ajouté à cela, un transfert de compétences et de savoir-faire, qui élève le niveau d’exigence opérationnelle.

Le PPP devient ainsi une école de rigueur managériale, qui pousse les acteurs publics à sortir de leur zone de confort et à rendre compte.

Le recours aux PPP a ceci d’avantageux qu’il permet d’accélérer la mise en œuvre des projets grâce à l’agilité du privé, de garantir la qualité technique des ouvrages réalisés, de partager les risques financiers et techniques, tout en garantissant un retour sur investissement aux partenaires. Des projets d’envergure comme le port en eau profonde de Kribi, la construction du barrage hydroélectrique de Nachtigal, ou les différentes centrales hydroélectriques aménagées à travers le pays, auraient difficilement vu le jour sans un montage PPP structuré.

La subvention systématique tue l’innovation, réduit l’autonomie des gestionnaires et favorise la passivité. À l’inverse, un montage PPP comme observé ailleurs oblige par contre l’entreprise publique à plus de responsabilité l’amenant à préparer un business plan solide et à prouver sa viabilité économique, à s’ouvrir à la concurrence, dans le respect d’un cahier des charges socialement responsable et à gagner la confiance des investisseurs, tout en démontrant sa capacité à atteindre des objectifs clairs. C’est un changement de posture essentiel vers lequel la Magzi s’est engagée en vue de contribuer véritablement à la croissance économique.

 Des garde-fous sont néanmoins nécessaires car, mal conçu ou mal exécuté, le PPP peut générer des coûts cachés, des déséquilibres contractuels et une perte de contrôle public.

L’expérience internationale montre que les pays qui réussissent leurs PPP sont ceux qui investissent d’abord dans la transparence, la compétence et la bonne gouvernance. L’État gagnerait à devenir un facilitateur de valeur, en s’alliant avec des acteurs privés compétents pour bâtir des entreprises performantes, durables et utiles à la nation.  Oui, le temps est venu de faire confiance à l’intelligence du partenariat. Le développement n’est pas un combat solitaire, il est une co-construction, et le modèle PPP en est l’un des instruments les plus prometteurs.